samedi 24 décembre 2011

Boum dodo


Il est un livre qui, par ses images et sa poésie, a enchanté ma petite enfance comme il a enchanté celle de ma mère, deux décennies et demie plus tôt. Son nom : Boum dodo. Une merveille de délicatesse, une porte ouverte sur la tendresse et le rêve, écrite en 1943 par Jeanne Cappe. Toute petite, j'étais fascinée par ses dessins signés Josette Boland, où dominait un bleu roi d'une beauté extraordinaire. Le bleu même que Niki de Saint-Phalle désignait comme porte-bonheur, je l'ai appris plus tard, et qu'elle avait choisi pour les flacons de son parfum éponyme. Un bleu profond teinté de violet qui ne cesse de me hanter, entre l'artiste iconoclaste et les vitraux de la cathédrale de Rouen. C'est le "bleu Boum dodo". Celui qui a bercé mes premières émotions picturales.
Boum dodo est un monde enchanté peuplé de petits enfants et de merveilleuses grands-mères. De chats aussi, comme en témoignent les délicats dessins de l'artiste (parce qu'il faut bien qu'il y ait des chats dans ce billet, tout de même).
Boum dodo, c'est mon enfance. Le livre a été perdu dans quelque déménagement. Je ne me faisais pas à la perte de cet ouvrage fondateur et désespérais de remettre la main dessus. Et puis, à force de recherches, je l'ai trouvé voici quatre ans sur un site d'enchères. Manquait la couverture, mais je ne m'en suis pas formalisée. Je me suis hâtée de l'acquérir, pour une bouchée de pain. Je l'ai déballé et ouvert avec une intense émotion. Sa magie, intacte, se déployait. Bouffées d'enfance. Mémoire suspendue, qui vous saisit au vol. Émerveillement. Nostalgie. Les illustrations étaient encore plus belles que dans mon souvenir et mon regard d'adulte s'en régalait.

La période se prête à cet esprit de joie naïve.

Je vous laisse admirer cette beauté précieuse et sans âge.

Bonnes fêtes de fin d'année à tous.

 



mercredi 23 novembre 2011

Eugène aux entournures


A mon grand étonnement (et par le biais d'un site de statistiques), j'ai constaté que les recherches Internet portant sur la "chasse au lion" de Delacroix aboutissent sur mon blog. Souvenez-vous du billet que j'ai publié voici quelques mois. J'imagine les lecteurs interloqués face à une histoire de pneu crevé, de névrose familiale et de garage Peugeot où l'on se risque pétrifié d'effroi.
Du coup je me sens un peu imposteuse. Des internautes curieux s'imaginent trouver mille détails passionnants sur la vie et l'œuvre du peintre romantique. Ils croient tomber sur le blog d'une peinturologue réputée, d'une spécialiste mondiale de l'art du 19e siècle. Las, de chasse au lion, point. Le fauve dont il est question, stylisé, ne rugit que sur des capots d'automobiles.
Je m'en veux d'offrir de faux espoirs à ces dizaines de curieux, férus de peinture, et conçois leur déception et leur dépit. Il faut dire que certain fameux moteur de recherche dont le nom commence par un "g" ratisse large et ne fait pas spécialement dans la précision, j'ai pu le remarquer. Il vous soumet des suggestions hors de propos avant même que vous n'ayez tapé en entier l'objet de votre requête. Voilà comment de malheureux internautes, en toute innocence, atterrissent sur un billet où il est question de beaucoup de choses, mais fort peu du sujet qui les intéresse.
Je tenais à leur présenter mes excuses pour ce désagrément.


Illustration : image tirée d'une vieille pub pour les produits coiffants Timotei.

mardi 11 octobre 2011

"Les déferlantes", de Claudie Gallay (vagues à l'âme)



L'enthousiasme de ma mère, la critique de Philippe l'année dernière. La mer, les chats, la Normandie. Autant de raisons de lire Les déferlantes. Autant de raisons de ne pas le lire : ces thèmes me sont trop chers, trop proches, pour ne pas me toucher. Aussi j'ai préféré l'évitement. C'est pourquoi le bouquin a mariné, si je puis dire, pendant des mois et des mois sur ma table de chevet.
Et puis un soir il y a eu le déclic. Le moment où je ne pouvais plus remettre sans cesse cette lecture. J'ai cédé aux appels du livre auxquels jusqu'alors je demeurais sourde. Je ne me l'explique pas. Ce devait être l'instant idéal pour la rencontre...

La narratrice, profondément meurtrie par la perte de son compagnon (amant ? mari ?) a accepté un poste sur une côte sauvage du Cotentin, non loin du Cap de la Hague. Elle observe et dénombre les oiseaux marins, les nids, les œufs. Elle a trouvé dans ce travail et dans ce lieu reculé un refuge contre sa douleur. Mais voici que débarque au village un « horsain », comme elle, qui sème les interrogations et ravive les souvenirs de chacun. Doucement vont se dénuder les rouages d’une tragédie vieille de quarante ans.
Le pays de la Hague se prête aux grandes passions, car sur cette terre fouettée par les vagues et les vents, on s'aima fort. Le silence a plus de poids que les mots. Se taire, on sait très bien faire. Se révèlent les haines macérées, les rancunes toujours vivaces et j’oserais dire nourricières. On développe aussi l'art de se pourrir la vie. En gâchant celle des autres.
Le récit progresse lentement, à petits coups de plume. C’est un rythme auquel il faut s’habituer. Pour conférer à son texte un vernis d'authenticité, l'auteur use d'un style parlé qui confine malgré tout au maniérisme. Cela m'a agacée. Car cela reste, finalement, assez conventionnel. Dommage pour cet effet « roman à la mode ». Cependant, Claudie Gallay a su ménager des silences entre les mots. Le lecteur n’est pas bousculé. Peu à peu, au fil de l’enquête que mène la narratrice, de rencontre en rencontre, la parole se libère, les vieux secrets se dessinent puis se débrument.
Avec la narratrice dont nous ne saurons pas le nom, nous côtoyons des personnages attachants : Raphaël le sculpteur tourmenté, sa sœur Morgane à qui l’unit un lien fusionnel, Max le lunaire qui aime Morgane d’un amour impossible, Lili la patronne du bistrot et sa mère à demi impotente, ravagée de haine, la vieille Nan, un peu cinglée, frappée de trop de deuils, qui s’occupa jadis d’un foyer d’enfants abandonnés, Théo, l’ancien gardien du phare, qui vit entouré de chats et porte une terrible responsabilité sur la conscience. Le phare, n'est-ce pas la métaphore de ce qui nous éclaire, nous attire, avec cependant une double et redoutable finalité : nous sauver ou nous détruire ? Nous croisons aussi Monsieur Anselme, l’érudit local, héraut du souvenir de Prévert qui vécut non loin de là, à Omonville-la-Petite. Mot après mot, les protagonistes dévoilent leur histoire au contact de la narratrice, que son apparente neutralité met en position de recueillir les confidences.
Et puis il y a les paysages façonnés par l’âpreté des éléments et les vieilles maisons qui semblent vivre leur vie propre et abritent peut-être des fantômes, si ce n'est des goublins ou des fées…
Roman de l’attente, roman du deuil, roman de la mer surtout, Les déferlantes m’a fait ressentir l’envoûtement de ce coin de Normandie dont on ne sait plus très bien s’il est terre ou eau. La mer y est un personnage parmi les autres. Entité puissante et mystérieuse, omniprésente qui prend - les vies, les hommes - mais ne rend pas toujours. Elle rythme le temps et conditionne les existences. Je ne peux que saluer le talent d’observatrice de l’auteur, qui a su en transcrire les humeurs et les nuances. Elle s’est manifestement immergée dans cet univers. Roman du temps qui passe, aussi : celui qui enfouit les drames mais ne les efface pas. Celui qu’il faut à la narratrice pour se réparer, se reconstruire, retrouver la sérénité. Car la paix - si tant est qu’on puisse la trouver - et la vérité sont au bout du chemin…

Une question reste à la fin de cette lecture : comment peut-on vivre loin de la mer ?…

Ce roman-là a toute sa place dans ma Chambre Normande. 

J’attends maintenant qu’on me propose de compter les goélands sur la Côte d’Albâtre.

Les déferlantes est publié chez J'ai Lu. 

Illustration : Le phare, huile de Claudine Douville.

jeudi 29 septembre 2011

Une histoire au kilomètre

Bigre ! Je n’ai pas posté depuis plus d’un mois. J’ai délaissé non seulement mon propre cyberespace de liberté, mais aussi les blogs amis. C’est impardonnable.
Vous m’avez sans doute crue happée dans un univers parallèle, dans une des onze dimensions que prédisent certains éminents scientifiques (d’autres, plus généreux, en dénombrent vingt-sept. Plus ou moins). Vous avez cru la théorie des cordes à l’œuvre derrière ma disparition. Il n’en était rien. Ma charge de travail a été lourde ces dernières semaines, me retenant non pas loin de mon clavier, mais de ma Chambre Normande. Ma plume a servi (et sert encore) d’autres desseins que les miens. C’est quelque peu stérilisant. Le soir je m'écroulais avec à peine la force de lire quelques pages. Il restait peu de place pour l'aventure bloguesque.
Sans compter qu'à ce devoir professionnel se sont ajoutées les affres du changement de voiture. Le temps passe et j’ai dû me  résoudre à me séparer de mon auto, ma vieille, vaillante et fidèle Alfa, j’ai nommé la Tine. Ce fut une décision difficile. La Tine, c’est quinze ans d’amour et de partage de bons et de mauvais moments. Quinze ans de ma vie. Quinze ans qui ne peuvent s’effacer d’un coup de balais d’essuie-glaces. Rien pourtant dans ma généalogie ne me prédisposait - ou prédestinait - à élire la marque italienne, ce qui contredit le fameux dicton "Tel père, telle Alfiste". Avec ma première Tine (que je n’appelais pas la Tine, si je me souviens bien), je totalise dix-neuf ans de conduite au volant d’Alfa Romeo. Pendant toutes ces années, le serpent vert, emblème de la maison ducale Sforza, m'a ondulé sous le nez. Ca crée des liens. Je suis ainsi devenue une conductrice roméotypée. Mon attachement à mes voitures frisait le pathologique, d'où le terme de roméopathie employé à mon endroit.
La Tine m'a conduite partout, mais le plus souvent en Normandie. Par tous les temps. Nous avons bien taillé la route. Nous avons écrit ma vie au kilomètre. Je lui dois beaucoup. La Tine, c’était une partie de ma personnalité. Vous imaginez ma peine et le manque que je ressens.
C’est une époque qui se termine…
Voici que sa successeuse a fait son entrée dans mon existence. Malgré une expérience positive, je ne me suis pas laissé séduire par les rugissements virils du lion. Mais je roule à présent français. Petite Tine fait tout son possible pour me consoler. Mon premier souci sera de lui indiquer la route de la Normandie. De fait elle est déjà normande, puisque sa plaque d’immatriculation arbore un « 76 » des plus seyants. Et qui fait beaucoup parler. Ah, mais, je vais jusqu’au bout de mes passions, je les affirme, je les revendique !
Et quelque chose me dit que la frimousse noire de Petite Tine se tournera très bientôt vers la Normandie...

vendredi 26 août 2011

Boris, bureaucat


Las de la grisaille et de la pluie, Boris, mon vrai faux Bleu russe, a élu domicile sur mon bureau. Ça ne fait jamais qu'un objet en plus (aïe, je viens de me prendre un coup de griffes !) sur le plan de travail déjà chargé de l'indispensable et du superflu tout aussi indispensable.
Il dort enroulé sur lui-même. Seul un froissis de papiers (plus ou moins léger) révèle sa présence. Il est si bien installé qu'il en omet de descendre déjeuner.
Sans doute doit-il à son nom et ses (prétendues) origines ce goût pour la paperasse et cette aptitude à l'activité de rond-de-cuir. J'ai un vrai bureaucat russe à ma disposition ! On croyait l'espèce éteinte, mais Boris démontre sa vitalité !
Sa compagnie adoucit les rigueurs et la solitude de mon travail.
Aussi maintenant je ne m'inquiète plus quand je vois des petits hommes gris : non, il ne s'agit pas d'extraterrestres désireux de me kidnapper.
Enfin, Boris est parfois secondé par Pirate, qui semble apprécier lui aussi le calme studieux des lieux.
La bureaucatie a décidément de beaux jours devant elle.

mercredi 10 août 2011

Dans la fosse au lion (une histoire à la gomme)


J'ai plongé dans la fosse au lion. Et j'en suis sortie. Même pas eu peur  (enfin, à peine) ! Comment, direz-vous, moi qui fréquente habituellement des félins d'un autre genre que le grand fauve à crinière ? Notez l'emploi du singulier pour "lion". C'est que j'ai dû me rendre dans un garage Peugeot pour faire changer un pneu, alors que je roule italien. Vous m'auriez dit ça il y a une semaine encore, je vous aurais ri au nez. Et envoyé paître. Las, le sort s'est joué de moi avec la plus féroce ironie.
Tout a commencé par un pneu à plat, la semaine dernière. 
Ah, les joies de la crevaison ! On se rend compte qu'il existe encore des gens serviables.  Un monsieur - le propriétaire de mon garage - se met en quatre pour changer la roue et la remplacer par la galette logée dans le coffre. Je me traîne ainsi équipée jusqu'à un atelier de réparation. J'apprends que mon pneu, percé et endommagé par une vis, est foutu. Faute du modèle Kléber idoine, le technicien  téléphone chez Peugeot, qui travaille avec cette marque. Nous sommes vendredi, il est dix-sept heures passées et la concession est sur le point de fermer : j'irai lundi.
Peugeot ! Ma première pensée est "Jamais de la vie !". Je n'ajoute pas "Plutôt crever", c'est déjà fait.
Il faut dire qu'entre ma famille et la firme sochalienne, c'est loin d'être le grand amour.
Mon grand-père a été propriétaire d'une Peugeot dans les années 50. Il s'est vite rendu compte que la voiture attirait comme un aimant les autres véhicules. Au total, une dizaine d'accrochages. Il n'en était jamais responsable. Non, les autres conducteurs venaient systématiquement emboutir la carrosserie. Lassé des froissements de tôle (un comble pour lui qui en fabriquait), mon grand-père changea de voiture et de marque. Ainsi naquit la malédiction Peugeot. J'ai grandi dans l'exécration du constructeur de Sochaux et de ses automobiles. A son seul nom les mines se crispent, les visages pâlissent comme si on avait proféré un blasphème. Mes chromosomes portent un gène anti-Peugeot qui remonte à deux générations. L'hérédité des caractères acquis dans toute sa splendeur ! Qui a dit "C'est la faute à Lamarck" ?
J'ai pourtant conduit des Peugeot au cours de ma carrière d'automobiliste. Je n'avais pas le choix et ce n'était jamais sans appréhension, bien que j'aie conduit des voitures d'autres marques autrement plus redoutables. Je suis conditionnée par une longue tradition familiale. Mais j'avoue que ma curiosité me poussait, et peut-être autre chose, comme s'il s'agissait de transgresser un tabou. A chaque fois, je suis sortie indemne de l'expérience. Mais je me disais qu'on ne m'y reprendrait plus.
C'est donc avec la plus vive réticence que j'ai fait mes premiers pas dans le garage Peugeot de ma petite ville. Je m'attendais plus ou moins à ce qu'une voiture folle me fonce dessus, ou qu'un pont malintentionné ne me raplatisse. Ou, à la rigueur, qu'on ne me fourgue un modèle de vive force en lieu et place de la Tine. Or l'endroit n'a rien d'inquiétant. Au contraire. On y est bien accueilli. Le travail a été effectué rapidement et dans les règles de l'art. En sortant j'ai poussé un grand ouf : j'ai vaincu ma répulsion atavique, et la Tine est à nouveau correctement chaussée !
Enfin j'ai appris une chose essentielle lors de cette incursion dans l'antre du lion : tous les modèles Peugeot sont dotés de sièges chauffants. La marque garantit ainsi à ses clients "l'effet Sochaux".
Le lion, après tout, n'est jamais qu'un gros chat.


Illustration : La chasse au lion, Eugène Delacroix.

jeudi 4 août 2011

Que reste-t-il...

Non, mon horizon ne se limite pas à mon nombril !

Que reste-t-il, une fois regagnées ses pénates, d'un séjour en Normandie ?
Le souvenir d'instants qu'on essaie de vivre dans toute leur plénitude, le plus intensément possible, dont on tâche d'extraire tout le suc, comme une machine à expresso. Et qu'on s'en veut de ne pas saisir en totalité, comme si c'était humainement possible. D'où frustration et culpabilité bien encombrantes et bien vaines. Alors que le soleil est là, et que le séjour ressemble diantrement à des vacances...
Un petit paquet de photos, parce qu'il est parfois plus facile d'appuyer sur le déclencheur que de s'installer face à son clavier et rassembler ses idées. Les zaps ont donc bien cliqué. Je garde toutefois à l'esprit qu'en regardant dans le viseur, on oublie parfois de regarder tout court. Alors j'ai souvent posé mes zaps, histoire de m'imprégner de la saveur unique de l'air et de la lumière.
On est là-bas, pour quelques jours. La réalité rejoint les rêves et les aspirations. Mais déjà, on réfléchit à ce qu'on va écrire. On se prépare à l'après-Normandie. Comment traduire émotions et sensations en mots, avant qu'elles ne s'échappent ? Car les mots, finalement, c'est tout ce qu'il reste, une fois de retour, face à l'ordi. C'est ce que je me dis, quand la nostalgie m'étreint. Et je suis une grande spécialiste de la nostalgie. J'ai tous mes diplômes de nostalgologue de l'université de Pétaïouchnok (les Slaves sont les plus fins connaisseurs du monde en nostalgie ; je me risquerai à dire que c'est de naissance) et je suis en la matière une autorité locale mondiale. Philippe, ne m'en veuillez pas si j'ai l'air de vous copier, là !
Mais non : il reste des sourires de grands et d'enfants, des rencontres félines, assez nombreuses dans les rues d'Arques-la-Bataille, un déjeuner arrosé de quincy (je vous parlerai dans un prochain billet d'un excellent restaurant que j'ai découvert à Arques).  Car, comme disait Francis Blanche, je préfère le vin d'ici à l'eau de là. Un donjon millénaire qui veille, protecteur, tel un symbole d'éternité.  La magie d'un concert d'orgues dans une église déserte. Une prise de bec, au sens propre, entre un canard et une mouette, pour un bout de pain. L'indispensable trempette sur la plage de Dieppe. Et tous ces instants fugaces par essence, justement, qui se recomposent en une mosaïque infinie. Ma richesse.
Et une forte déception, tout de même : les brebis de Douvrend n'étaient pas là, ni à l'aller ni au retour. Le grand champ bêlant était vide de toute silhouette laineuse et je m'en inquiète. J'espère être rassurée la prochaine fois ; en attendant j'ai renoncé au gigot.

Dans une rue d'Arques, un habitué des lieux.

Sous les galets, la plage.

La fuite à de la Varenne

  A Dieppe, on prend l'express côtier, bien sûr (j'ai pas demandé un déca, moi !)

Rue St-Jacques, la cour mystérieuse.

 A Arques, les locataires de l'étang.


PS : Merci à Carole, Sylvain et les enfants pour leur accueil.

jeudi 14 juillet 2011

14 juillet

Lara, "le Tarsier noir", anarchat ?

Cette année encore, mes chats n'ont pas défilé pour le 14 juillet. Je les ai laissés à leurs activités (ou non-activités) habituelles. D'ailleurs, les imagine-t-on, moustaches à l'horizontale, regard fixe, frapper le sol d'un pas cadencé tout en martelant des chants martiaux ? Et puis, il pleut, et j'aurais dû les bouchonner un par un à leur retour. 
C'est que le chat est anarchiste dans l'âme. Il est réfractaire, ou plutôt indifférent, à toute  forme d'autorité. Les anarchistes ne s'y sont pas trompés, qui ont pris le chat noir pour emblème. Le chat noir de Steinlen illustrait bien quant à lui l'esprit libertaire qui régnait dans le fameux cabaret montmartrois. Nostalgie de la Belle Époque...
"Tous les dieux sont libres", disait un ami à moi. "Les chats sont libres."
Voilà pourquoi je suis reconnaissante à mes chats, rebelles à tout effort imposé et à toute discipline, de ne pas défiler le 14 juillet.
Voilà pourquoi nous aimons les chats.

dimanche 10 juillet 2011

Chais et chats


On dirait que la Fée a une fois de plus guidé mon choix. En matière de vin, comme elle le fit déjà. Domaine des Garances ! Ça ne s'invente pas !
Mascaret, "le Hardi", maillot du meilleur grimpeur au Tour de France 2010, a donné son agrément. Ce pourlèchement fort à propos augure du meilleur quant au contenu de la bouteille.
Voilà qui m'a mis du Beaumes au cœur.
PS : Quel est le vin qui guérit la cécité chez le chat ?
Mettez la phrase qui suit en surbrillance et vous le saurez !
-->Le minervois.

dimanche 3 juillet 2011

Plein la vue


Ce n'est un secret pour personne, je porte des lunettes pour lire et travailler sur mon ordinateur, j'ai nommé la "Bête". Or, l'âge venant, il m'est de plus en plus difficile de parcourir la quatrième de couverture d'un livre de poche ou de déchiffrer la composition d'un produit quelconque. Aussi me suis-je donc laissé tenter, chez Hema, à la faveur des soldes qui plus est, par une paire de lunettes de lecture que j'appelle "de dépannage". Elles ne quitteront plus mon sac et me permettront de lire le nom d'un rouge à lèvres - acte essentiel bien sûr - sans faire appel à une aide extérieure ou tenir le tube à bout de bras, souvent en vain. Quel meilleur moyen de lutte contre la perte d'autonomie !
Et puis, je l'ai remarqué, ces lunettes, rouges et toutes mignonnes, ressemblent à celles d'Eva Joly. Si elles me font en plus une gueule norvégienne, ça ne sera pas pour me déplaire...

mercredi 15 juin 2011

Garance la Fée


Triste anniversaire le 10 juin. Dies irae. Trois ans plus tôt, Garance s'en allait. Trois ans sans Garance...  Trois ans et un manque toujours palpable...
J'ai choisi de ne pas parler d'elle ce jour-là. Elle n'aimait pas les larmes et pour sa mémoire nous ferons la guerre à la tristesse. Mieux valait associer son souvenir au jour où elle a débarqué chez moi, sans prévenir, sans que j'aie le moindre commencement d'idée, pauvre de moi, de ce qu'il en coûte d'accueillir une Fée à son domicile.
Il y a neuf ans, le 15 juin 2002, un samedi, Garance arrivait dans les bras de Victor le menuisier. Elle n'était pas encore Garance et je ne savais pas encore qu'elle était une Fée... J'entends encore les mots du "découvreur" (ou du "porte-fée") : "Ce n'est pas à vous, ce chat-là ?". Ben, non, ce n'était pas un fugueur ramené au bercail, et faible comme je suis je l'ai gardé, sans savoir ce que j'allais bien pouvoir faire de "ce chat-là", avec son air sauvage et son long nez. La magie était déjà à l'œuvre à mon insu.
Garance, initialement et provisoirement baptisée Okoumé, était là.
Garance, la vraie Fée norvégienne. Celle qui allait m'ouvrir les portes d'univers insoupçonnés et influencer mes lectures. Petit chat, grands pouvoirs. Les effets de sa magie se font encore sentir, des témoins dignes de foi vous le confirmeront.
Garance, la belle Nordique, bénie d'Odin. Quelque chose la rendait unique, mais quoi ? Je n'ai pas fini de m'interroger...
Garance, mon ocelot d'Oslo.
Garance, mon Aurore Boréale.
Garance, qui a fait naître des dictons tels que : "Il faut toujours aimer les Fées" ou encore "Il ne faut jamais encourir le courroux des Fées". Avec beaucoup de "r". En référence, sans doute, à ton caractère de cochon. Que ne ferais-je pour y être, de nouveau, confrontée, dans le rire et les pleurs ?
Il faut toujours célébrer les Fées, présentes ou absentes.
Garance, le Chat-Fée plus qu'aimé : vénéré, idolâtré.
Peut-on aimer les Fées autrement ?



dimanche 29 mai 2011

La Reine Annie du Nord

Alexandre Vialatte disait : "Une mère qui n'aurait pas eu d'enfant ne serait pas vraiment une mère". On ne peut que souscrire à cet avis marqué au sceau du bon sens même, allié à une réflexion poussée et étayée. Je m'étonne toujours d'avoir trouvé une mère qui ait bien voulu me mettre au monde. Une mère qui se soit dévouée. C'est pourquoi je voudrais remercier ma mère, en ce jour où il est d'usage de célébrer sa génitrice à grands coups de bouquets, de fers à repasser à vapeur et de machines à expresso. Quand ce n'est pas de friteuses qui font économiser l'huile. Le progrès fait rage.
Ma mère relit parfois mes billets. Elle traque la coquille, la faute d'accord et la tournure un peu chtarbée. Son regard est sage et acéré. Vous imaginez parfois son effarement devant mes conneries bêtises. Mais elle a l'habitude. C'est elle qui m'a faite. Elle connaît le produit.
Son père, mon grand-père, était ukrainien. Une mère à moitié ukrainienne, me direz-vous, doit être une mère vraiment folklorique. C'est vrai. Il faut la voir exécuter une danse galicienne aux pas savants sur une musique nasillarde. Parfois même accompagnée du son de l'accordéon.
Je sens que je vais me faire appeler Arthur, moi...
Elle m'a instillé, très tôt, à travers le goût des belles histoires, celui des livres, de la lecture. Celui des chats, de la mer, des bateaux, du parfum, de la Normandie. Puis, un peu plus tard, celui du whisky. Bien tourbé et fumé de préférence. Un Islay au nom imprononçable. Toutes choses parfaitement superflues et parfaitement essentielles, vitales. Les mères ont instinctivement le sens de ce qui compte. C'est ce qui fait leur grandeur.
Enfin, j'en veux à ma mère. Je ne lui pardonne pas de ne pas m'avoir transmis ses yeux bleus. Par sa faute je me suis vu doter d'un regard bovin des plus quelconques, au lieu de mirettes azur qui font rêver au lac Baïkal, aux flots du Don et aux côtes paradisiaques de Crimée. Explication donnée : le fournisseur d'yeux bleus était en rupture de stock. Alors je ravale ma déception et je fais avec, bien contente quand même d'avoir deux yeux, alors que tout le monde n'a pas cette chance.
Cela dit, ma mère, j'en suis tout de même très satisfaite. Et je tenais à le lui faire, si besoin en est, savoir.

Bonne fête, Maman !

mercredi 25 mai 2011

Dans un vent d'héliotrope


Vous est-il déjà arrivé de sentir, quelque part dans la chaleur de juin, au détour d'une route, d'un parking, en ville ou à la campagne, un parfum de fleur non identifiable ? On ne sait d'où il vient, de quelle plante ou  de quel arbuste il émane. Il est à la fois évanescent et capiteux, présent et insaisissable. C'est comme une odeur de pollen portée par le vent chaud. L'odeur même de l'été.
C'est cette impression que m'a faite Héliotrope, de la maison milanaise Etro, célèbre pour ses imprimés cachemire, moins connue pour ses parfums.
L'héliotrope, avec la tubéreuse ma fleur préférée en parfumerie, pour moi, c'est tout d'abord un des plus beaux aspects de L'Heure Bleue (qui la présente sous sa forme synthétique, l'héliotropine). Elle se glisse sur la peau en fin d'évolution et évoque des volutes de papier d'Arménie en combustion. L'héliotrope me rappelle aussi les parterres des jardins de Trianon où s'activent une nuée de jardiniers, tout affairés au repiquage et à l'entretien des précieux plants aux fleurs mauves. Sa fragrance mêle arômes de miel et de tabac blond. Elle est proche, par le parfum, d'une plante aux minuscules fleurs bleues sentie pour la première fois à Jersey. J'en ai oublié le nom - un nom latin compliqué. Elle est plutôt rare au nord de la Loire.
Dans Héliotrope, lancé en 1989, je retrouve ce bouquet fluctuant, indécis et pourtant puissant - comme les immortelles brûlantes de Sables - qui s'allie à des notes amandées pour ouvrir le bal. Il est vite soutenu par une bouffée d'amertume, l'amertume minérale, crayeuse, d'un éclat de pierre calcaire. Je détecte également le foin coupé. Puis le parfum se fait poudré, un peu sucré mais pas trop, pour ne pas susciter l'écœurement et sombrer dans la mièvrerie. Son évolution varie selon les supports. Ses ultimes notes, sur la peau, sont un murmure d'amande caramélisée, tandis que sur les vêtements il laisse la trace suave du fameux papier d'Arménie.
Chose curieuse, sa découverte ne m'a pas surprise, car il était conforme à ce que je m'imaginais. Certes, il est moins complexe et sophistiqué que ma vieille Heure Bleue. Il ne prétend pas la concurrencer. Il convient aux jours chauds, et j'aime l'idée de me balader au cœur du nuage odorant énigmatique décrit plus haut et dont il est la transcription en flacon, j'aime l'idée de l'avoir enfin retrouvé.
J'ai hâte de sentir d'autres créations Etro...
Héliotrope, enfin, convoque, je ne sais pourquoi, des réminiscences d'été normand. Les senteurs exacerbées de la nature se développent dans l'air statique et chaud. Je vois des murs blancs poudreux zébrés de colombages. Une abeille bourdonne, par une fenêtre ouverte un cône de soleil accuse la poussière en suspension dans la pièce. Le temps s'est ralenti.
Un parfum de chambre normande.

Illustration : site Etro

mercredi 27 avril 2011

De nouvelles cordes à mon Arques

Des maisons de caractère...

Les anniversaires ont une fâcheuse tendance à revenir tous les ans. Qui plus est, à la même date, ce qui ne laisse pas de réduire à néant tout effet de surprise. Qu'à cela ne tienne, fidèle à la "tradition", je fêterai le mien en Normandie. Cette année, il coïncide avec les fêtes de Pâques.
Deux belles découvertes m'ont été offertes en ce week-end normand. Ou plutôt trois. Tout d'abord, le village d'Arques-la-Bataille. Dieppe n'est qu'à six kilomètres et pourtant, je ne le connaissais pas. Une lacune que je me suis attachée à combler en parcourant les rues, en admirant les maisons de brique pleines de cachet, en savourant la Normandie au propre comme au figuré.
Comment me suis-je retrouvée là ? Coup de cœur à distance pour le studio d'hôtes Cléome, découvert et choisi - faut-il dire "au hasard" ?-  sur le catalogue envoyé par l'Office du Tourisme de Dieppe. C'est décidé, c'est là que j'irai !
Cléome, je l'apprends, c'est le nom d'une fleur (ça me rappelle une réplique des Enfants du Paradis, où la fleur se nomme Garance...) élu par les propriétaires qui privilégient l'agrément de leur jardin. Dans leur longère, Carole Llanes et Sylvain Mouchel ont aménagé et décoré avec beaucoup de goût un "studio d'hôtes" très confortable qui possède un coin cuisine bien équipé, une télé et une agréable terrasse où il fait bon lézarder dans les chaises longues. L'ambiance décline avec bonheur un camaïeu de gris et de bruns harmonieux et reposants.  On est là dans un calme absolu, loin du bruit du trafic et de la folie urbaine. Le jardin qui s'étire le long du bassin-source offre une belle vue sur le château. On s'y balade parmi le parfum des lilas.
Une fois posé, on n'a plus envie de bouger, de courir Dieu sait où, à la poursuite de quoi, d'ailleurs ? Il suffit d'être là, de se laisser gagner par la paix et la tranquillité.

Un paradis de verdure...

 Capsule, gardienne des lieux

Au petit-déjeuner, les hôtes sont gâtés. Croissants friands à souhait, pain au lin, brioche feuilletée... On accompagne ces douceurs du café préparé avec la machine à expresso mise à disposition dans le coin cuisine.
Qu'ajouter, sinon que l'accueil chaleureux vous met tout de suite à l'aise !

La cour a permis d'abriter la "Tine"

Et puis, Cléome est bien situé. Arques présente, outre ses monuments historiques (château-fort, église Notre-Dame de l'Assomption bâtie au 16e siècle) et son environnement vert et aquatique (la Varenne traverse le village), des attraits propres à satisfaire tous les goûts. Quelques pas plus bas que le studio, en direction de Saint-Nicolas d'Aliermont, s'ouvre l'Avenue Verte, qui s'étire entre eau et végétation. Elle est propice à la marche, au vélo, au vidage de tête, bref à la relaxation.
Quelques pas plus haut, en direction du centre du bourg, se trouve un lieu où récupérer bien vite les calories perdues au footing.

 Une beauté dont on ne fait qu'une bouchée (ou presque !)...


Un gallinacé qui ne craint pas la grippe aviaire...

La découverte a commencé avec les croissants et le pain servis au petit-déjeuner : une qualité qui ne trompe pas. Elle s'est poursuivie avec les gâteaux, que je me suis empressée de goûter. M. Marques, le pâtissier chocolatier, est un artiste. Il n'est qu'à voir la poule Meccano qu'il a réalisée pour les fêtes de Pâques. Elle trône sur le comptoir avec majesté et accueille les clients qu'elle fixe de son œil rond. Les créations de M. Marques, d'un grand raffinement, enchantent  les yeux autant que les papilles. Derrière la vitrine du comptoir, la palette variée des pâtisseries défie toute tentative de résistance. La file qui patiente sur le trottoir en fin de matinée me dit que mon opinion est amplement partagée...
Une chambre normande où j'ai prévu de revenir. Une pâtisserie exceptionnelle.
Deux bonnes adresses, des lieux à connaître, des "rencontres" comme celles que j'attends de la Normandie...


Studio d'hôtes Cléome
23, rue de la Chaussée
76880 Arques-la-Bataille
02 35 84 16 56 / 06 09 38 12 74
cleome@cleomechambredhote.fr


Boulangerie pâtisserie Marques
1, rue de la Chaussée
76880 Arques-la-Bataille
02 35 85 53 47

lundi 18 avril 2011

Considérations picardes et olfactives

Une fleur de saison...

Un cerisier en fleurs et une pensée pour le Japon...

Un petit tour dans les étangs de la Somme, à la faveur du beau temps, voici une quinzaine de jours. J'apprécie toujours quelques heures de ressourcement en Picardie. Routes souvent désertes qui serpentent à travers la campagne vallonnée, canal, étangs... Tout invite à la lenteur et au calme. Je traverse un paysage à présent familier. La Grande Guerre y a apposé ses marques indélébiles, mais l'heure n'est plus au silence solennel. La nature émerge de sa léthargie hivernale et c'est un déploiement de couleurs autour de moi.

Un buisson buissonnant, dans sa parure de printemps

Un esprit un peu guinguette à l'ancienne, avec sa terrasse au bord de l'eau...

Je m'offre un détour pour admirer la "belle maison" de Méaulte. L'Ancre, limpide et vive, longe le terrain. Selon mes recoupements, il s'agit du Domaine des Viviers, demeure construite pour l'avionneur Heny Potez (NB : rien à voir avec le Chat Potté). Le pavillon du gardien, avec ses rondeurs de maison de Hobbit, vaut à lui seul le détour. La bâtisse elle-même est bien cachée au fond d'un parc. Je serais prête, comme le dirait Varg Veum, à louer la boîte aux lettres, si mes moyens me le permettaient. De plus j'aurais sans doute du mal à y tenir.

 Le mystère reste entier...

Et le parfum dans tout ça ? Eh bien j'assimile la belle maison de Méaulte à Vol de Nuit. Je les dirais unis par une même esthétique ; ils ont selon moi beaucoup en commun. Tous deux sont nés à la même époque - les Années Folles - 1927 pour l'une, 1933 pour l'autre. Tous deux évoquent le monde de l'aviation. Tous deux possèdent le même charme hautain et mystérieux. Ils ont l'étrange beauté, quelque peu figée, des choses modernes en leur temps et aujourd'hui surannées. Un décalage qui les rend fascinants. Comme si nos yeux, notre nez du XXIe siècle ne pouvaient capturer la totalité de leur âme ; une part en est destinée à nous échapper. C'est sans doute cela qu'on nomme nostalgie.
Amoureuse de Vol de Nuit, j'en trimballe toujours quelques fiolettes dans mes poches et mon sac, pour le plaisir de les humer où que je sois. L'extrait est, bien sûr, sublime. Il y a deux flaconnettes sur mon bureau, vides. En apparence seulement, car c'est la présence du parfum que je perçois en entrant dans la pièce. Les minuscules contenants de verre en ont gardé la trace et l'exhalent avec constance (sauf quand Sables, dont je m'arrose par beau temps, vient le bousculer sans ménagement).
Contrairement à la "belle maison", les "vieux" Guerlain (dont L'Heure Bleue, évidemment) sont des figures du passé accessibles. Je me dis que ces survivants d'époques révolues subsistent tant que nous leur prêtons notre peau pour perpétuer leur splendeur.

lundi 4 avril 2011

"L'écriture sur le mur", de Gunnar Staalesen


C'est toujours avec un peu de fébrilité que je découvre un nouveau Staalesen, une nouvelle enquête du détective Varg Veum, et me lance dans sa lecture. J'avais rencontré l'auteur norvégien à Yvetôt en novembre dernier. Un moment marquant en compagnie d'un homme simple, sincère et attachant. A l'image de son héros, Varg Veum ?
L'écriture sur le mur est son dernier roman publié sur notre territoire. Je l'ai reposé il y a peu sur ma table de chevet.
Malgré des déconvenues, malgré des meurtrissures de l'âme sur lesquelles son sens de l'auto-dérision lui interdit de s'apitoyer, Varg Veum garde sa "pêche", son sens de la justice et son humour auquel rien n'échappe. Une nouvelle mission lui est confiée : retrouver une jeune fille disparue. Point de départ somme toute banal qui va le lancer en quête de traces, si infimes soient-elles, de Torild, recueillies auprès des siens, et l'amener à découvrir des ramifications insoupçonnées à cette affaire. Les révélations se succèdent à mesure que l'on touche à la vérité. Les êtres se dévoilent, les âmes se dénudent peu à peu sous les questions de Varg. Les façades se fissurent, laissent place au désarroi. Et parfois à des choses moins avouables.
Confronté à ces hommes et ces femmes en mal de repères, le privé berguénois se garde pourtant de juger, de moraliser. Combatif et désabusé, il est avant tout le témoin d'un système mal en point. Les couples rencontrent l'échec, les frustrations s'accumulent, les jeunes vies tournent mal, tandis que l'absence de scrupules se révèle un trait de caractère indispensable à la réussite, si l'on peut appeler réussite la mainmise sur la pègre locale et les réseaux aux activités douteuses. Birger Bjelland, gredin patenté, que nous avons  croisé antérieurement, est l'exemple de cette figure mafieuse intouchable, et ses estafiers sont aussi stupides que dangereux. Face à cette organisation, une police quelque peu dépassée. Même l'inspecteur Dankert Muus, vieux comparse - faut-il dire "ennemi" ? - de Varg Veum semble avoir perdu en pugnacité et animosité à l'approche de la retraite. Ajoutons que cette fois, le détective a dû creuser trop profond au cours de son enquête : ses recherches ont agacé quelque malandrin et le voici menacé de mort. Bref, les choses risquent de se gâter pour lui s'il ne démasque pas à temps l'auteur d'un faire-part de décès... à son nom !
Le récit de ces péripéties inédites donne une lecture agréable, souvent palpitante, parfois angoissante (j'avoue appréhender les passages où Varg est sur le point de se faire passer à tabac !). Avec la finesse d'un psy rompu aux détours de l'esprit et la précision d'un sociologue, Gunnar Staalesen dépeint la violence "ordinaire", et presque inévitable, celle qui réside à dose variable en chacun de nous. Elle est désir de domination, déni de l'altérité et a cours dans chaque foyer, chaque milieu social. Chacun lutte avec plus ou moins de force et de facilité pour sa propre survie dans un monde indifférent, animé par l'attrait du lucre.
"L'écriture sur le mur" est ici à la fois réelle (un "T" énigmatique tracé par un juge retrouvé mort, paré de dessous féminins, dans sa chambre d'hôtel) et possède valeur d'indice, et métaphorique. Elle est l'avertissement indéchiffrable, celui qui nous rend comme frappé de cécité verbale à sa vue, la mise en garde divine. Le signe que rien ne va plus, qu'une souffrance a gagné la jeunesse, symptôme du malaise des adultes. Quelle est cette société aveugle qui fait de ses enfants des victimes expiatoires ?
Certes, comme Gunnar Staalesen nous y a accoutumés, le roman se teinte d'une tonalité amère qui sied aux constats de son héros comme à sa personnalité. Certes, Varg Veum est seul, et ses uniques armes sont l'obstination, le courage, le bagou salvateur qu'il garde dans les pires moments et, en dépit de tout, la foi en l'humain. Il y puise enthousiasme et détermination ; il ne renonce pas à traquer la vérité quand ne serait-ce qu'une vie est en jeu. Est-ce dû à ses convictions d'ancien travailleur social ? les actes du détective s'inscrivent avant tout dans le refus de la fatalité : c'est là l'essence même de son combat.

L'écriture sur le mur, traduit par Alex Fouillet, est édité chez Gaïa.

Illustration : Untitled, Jean-Michel Basquiat, 1984. Source : www.laboratoiredugeste.com.

dimanche 6 mars 2011

Eloge dominical de la beauté du chat

Bosco, trop beau pour moi ?

"Il n'y a pas de chat ordinaire", affirmait Colette, et on ne peut que lui donner raison. On pourrait ajouter qu'il n'y a pas de chat laid. Sans jeu de mots. Je tombe toujours en admiration devant chaque matou croisé sur un trottoir, chaque visiteur de mon jardin (ils sont de moins en moins nombreux hélas). Je ne peux que m'extasier sur leur beauté, leur allure, leurs attitudes, élégantes, parfois drôles, souvent distanciées. J'espère toujours en voir quelques spécimens lors de mes sorties. Leur apparition au détour d'une rue est toujours empreinte d'insolite, quel que soit l'environnement, ville ou village. Ils sont un monde à eux seuls et le décor n'influe pas sur eux. On les aperçoit parfois à une fenêtre, sur un balcon, observateurs détachés de la frénésie humaine. Ces chats, j'aimerais les approcher, leur parler, les caresser, et dévoiler, faire mien un peu de leur mystère. J'ai envie de savoir quelle vie ils mènent, s'ils sont bien traités. Je me dis que si les miens savaient, ils seraient jaloux. C'est là leur prêter des sentiments humains, même si, je crois, ils connaissent la jalousie, comme en témoignent les demandes d'attention de Lara si d'aventure je m'occupe un peu trop d'un de ses congénères. Ou leur bouderie après quelques jours ou seulement quelques heures d'absence. Par précaution, je me garde de leur révéler mes envies d'infidélité.
J'aime tous les chats du monde. Tous sont beaux, tous m'émerveillent.  Même les persans, qui ont fini par trouver grâce à mes yeux avec le trop bref séjour de Soraya, la princesse orientale, sous mon toit... Les côtoyer au quotidien n'émousse pas cette admiration. 

Décidément, gouttières, norvégiens, siamois, bleus russes, abyssins, bengals, maus, korats, il n'y a pas-de-chat-laid, et peu importe l'Arras.

lundi 28 février 2011

TNT (comment j'ai dénudé une âme)

TNT. Très Nettement Tannant. Ma région a basculé au "tout numérique" voici quelques semaines. Un changement imposé et non choisi. Tout ça pour garder notre chère télé. Des mois durant on nous a bassinés à coup de spots télévisés assez ineptes et fort peu didactiques, en nous promettant au final une profusion de chaînes qui apporteront, à coup sûr, un bonheur sans ombre dans chaque foyer. Hors de la TNT, point de salut, mais le spectre de l'écran blanc qui laisse le téléspectateur extrêmement frustré. Pis que la grippe H1N1 ! Pis qu'une menace d'invasion extra-terrestre !
Mouais.
Je vais acheter un décodeur avec des pieds de plomb. Qu'on se le dise, c'est l'anti-achat-plaisir par excellence ! Un modèle de base me suffit. Le vendeur m'assure que la vétusté de mon antenne m'interdira toute réception du signal. C'est décidément la Grande Menace en vogue. Et de me proposer un forfait d'installation, réglable de suite... Et qui coûte un œil...
Pas question de me séparer de mon antenne, qui constitue un perchoir apprécié des tourterelles et des grives !
Attendons un peu. Dans l'immédiat un autre problème se pose : la fiche qui termine le câble reliant l'antenne au poste est en piteux état. Il faut la remplacer. C'est là que ça se corse.
Munie du matériel, me voilà prête à agir. Je me sens comme un chirurgien sur le point de séparer des jumeaux siamois. Première étape : se débarrasser de l'ancienne fiche. Elle résiste mais se détache grâce à un coup de ciseaux bien placé : mise en pratique du principe du Nœud gordien. Le câble ressemble à un serpent décapité. Plus question de revenir en arrière. Je désosse la fiche neuve, m'obligeant à maîtriser ma fébrilité. Un bouquet de petites pièces de plastique et de métal jonche bientôt  le plan de travail. Vais-je savoir remonter "ça" ? Je suis au bord de l'abandon face à ces éléments éparpillés. Au magasin de bricolage, on m'a pourtant expliqué. Les schémas trouvés sur le Net ne m'ont guère éclairée. Je sais au moins comment se compose un câble coaxial. Il possède plusieurs couches concentriques de  différents matériaux. Au centre passe un fil de cuivre, l'âme. C'est par elle que transite le signal - la vie du poste. Armée d'un cutter, je découpe une première épaisseur du revêtement plastique. Apparaissent des fils métalliques tressés qu'il faut tortiller, façon coiffure d'Obélix ou barbe de Nain tout droit sorti d'un livre de Tolkien. Je m'attaque à la couche centrale de la gaine. Voilà l'âme. Il est rare d'avoir une âme nue devant soi, alors profitons-en. Histoire de la rendre un peu plus docile, je la regarde dans les yeux avant de la saisir par son cou délicat, l'insérer puis la bloquer dans la fiche, et enfin me hâter d'assembler au mieux le fourbi. Aïe, ça coince. Je sue sang et eau. Je revisse non sans peine l'ensemble, qui semble bien arrimé au câble. Un essai de branchement. Une image apparaît sur l'écran. J'ai réussi ! Je vais pouvoir installer l'adaptateur et vérifier son bon fonctionnement. Manifestement ma vieille antenne remplit encore honorablement son office, et je n'ai pas pris de râteau...
Mais, allez-vous dire, pour éviter ces tracas, je n'avais qu'à acheter un téléviseur à écran plat avec décodeur intégré ! Oui mais voilà, il faut tenir compte des chats. Ce sont des cathodiques fervents. Avec un écran plat, où piqueraient-ils leur petit roupillon vespéral ? Ils m'ont d'ailleurs fait savoir haut et fort leur réprobation en organisant rassemblements et cortèges de protestation. Croyez-moi, rien n'est plus impressionnant qu'une manifestation de chats décidés, défilant en rangs serrés. Ils brandissent pancartes, banderoles et calicots portant des slogans bien sentis : "Écran plat, j'en veux pas !", "Écran plat, t'es foutu, les matous sont dans la rue". Et ainsi de suite.
J'ai ployé devant tant de détermination. Point d'écran plat pour illuminer mes soirées. A la question posée familièrement par les Anglais, "What's on the box tonight ?" ("qu'y a-t-il à la télé [littéralement : sur la boîte] ce soir ? "), je peux donc logiquement répondre "Un chat".

vendredi 25 février 2011

"Le quart", de Nikos Kavvadias


Le Quart, de l'écrivain grec Nikos Kavvadias, fait partie de ces bouquins qui vous marquent. Qui vous pénètrent d'images - à moins qu'il ne s'agisse simplement de mots - qu'on n'oublie pas. Qui vous influencent, aussi.
Juillet 1994, la Touraine. J'arrive de Rouen, tout imprégnée de l'ambiance de l'Armada, de rencontres, de départs. C'est la campagne, une campagne de j'aime depuis mon adolescence. Mais je me retrouve loin des fleuves (la Loire n'est pas la Seine) et de la mer. La nuit, j'entends passer des bateaux qui n'existent pas. Je tourne en rond. J'ai besoin d'horizon infini, de grand large. Je profite d'une virée à Tours pour me rendre à la  F**C. A l'entrée du magasin, des piles de bouquins placées en évidence attirent mon attention. Téléguidée, je m'approche : sur les couvertures, une coque balafrée de coulures de rouille, comme des sillons laissés par des larmes. Je déchiffre le titre et le nom de l'auteur, un illustre inconnu. Mais cela parle de la mer, forcément. D'un univers qui m'obsède et me manque. Alors j'achète le bouquin. (Oui, je sais, c'est Le quart de Tours !)
Le Quart porte la voix de marins qui oscillent entre deux réalités, celle de la terre ferme et celle de la mer, aussi cruelles et mensongères l'une que l'autre. D'emblée, le décor est planté. Nous sommes à bord du Pythéas, un rafiot de commerce croisant en mer de Chine. Au fil des chapitres, des souvenirs se dévident, font surface à la faveur des nuits de veille. Des souvenirs d'hommes traversés de figures féminines : la mère, l'épouse, la prostituée, la colocataire invisible. De ports aux visages identiques, charnières entre terre et mer, auxquels s'attachent des lambeaux de mémoire. Les confidences s'échangent dans la touffeur qui gorge l'air à l'approche d'un typhon, baignent dans la chaleur huileuse, poisseuse de la salle des machines. Ce n'est pas un roman "propre". C'est la vie, dans sa monotonie, et l'idéal fantasmé de la marine est bien loin.
Un mot d'ordre tacite semble régir la vie des marins. Ne pas s'attacher, ne pas s'attarder. Pas d'avenir pour ces hommes mais des regrets, des regrets, lancinants ou fugaces. Les escales sont brèves. La sirène du bateau appelle. Pas de sursis pour les retardataires. C'est le cœur étreint d'angoisse que l'on suit la course du matelot vers son navire à travers un dédale de petites rues toutes semblables. L'échelle de coupée qu'on retire, le saut final pour gagner le bord. Le salut par la fuite, toujours. La mer si vaste et l'espace confiné des cabines, le ventre rassurant du bateau, seule réalité tangible, qui évite la confrontation au monde... Au-dehors celui-ci est rude et brut, fluctuant. Alors on embarque pour fuir je ne sais quoi, soi-même et ses questionnements peut-être...
Ici la mer est une entité obscure qui prend les hommes, les change, les vide et les rejette. Kavvadias dépeint les soubresauts de destins à la dérive, dans une mise en abyme de la condition humaine. Il évite l'exotisme, la "couleur locale" au profit d'une narration réaliste mais non dénuée de sobriété, de pudeur et de poésie. Son profond pessimisme transparaît. "Prends-moi par la main, montre-moi le monde." "Je n'ai pas de mains. Il n'y a pas de monde." Dialogue réel ou rêvé ? C'est que parfois l'illusion semble prendre le pas sur la réalité, à travers des passages oniriques, des références littéraires et picturales. Enfin, le texte est jalonné d'anecdotes qui vous glacent et vous hantent, peut-être plus significatives, dans leur isolement, dans leur absurdité, que le reste, plus représentatives de l'univers clos et sombre où le roman nous immerge. Ainsi l'histoire de ce jeune capitaine de vingt-neuf ans qui se suicide après l'échouage de son navire, persuadé qu'il en est responsable bien que tous ses calculs soient bons. Les membres d'équipage apprennent le lendemain que la faute en revient au déplacement de bancs de sable qu'aucune carte ne mentionne... Et la fille de Mytilène, confiée au radio qui doit l'escorter jusque chez son oncle d'Istanbul, et qui s'évapore... Autant de silhouettes fugitives autour desquelles une histoire plus ample, universelle, s'articule...
J'ai eu du mal à quitter Le quart, et même si sa dernière lecture est lointaine, il trouve toujours une résonance en moi.
Ces rencontres bouleversantes avec un livre ne sont-elles pas dues à la conjonction entre un regret, un manque et un désir ?

Nikos Kavvadias exerça comme officier radio dans la marine. Le Quart a paru pour la première fois en 1954. Il fut traduit en français en 1959. Après avoir me semble-t-il disparu du catalogue des maisons d'édition, il a été réédité. Il est disponible chez Denoël et en poche dans la collection Folio.



samedi 5 février 2011

Quelques propos sur la substitution de chats et les créatures magiques

Un exemple de croissance réussie...

On a volé Gobelin ! On l'a remplacé par un autre chat. Comment reconnaître dans ce gros matou sûr de lui, au pelage luisant et abondant, le petit morpion tout noir à bout de forces cueilli sur un trottoir un soir de septembre ? Il y a forcément eu tour de passe-passe, voire quelque diablerie ! Aussi je cherche partout le petit Gobelin chétif au museau pointu qui a laissé place à cet intrus. Curieusement ce dernier a toujours le tempérament joueur d'un chaton et se livre toujours à des passes d'armes acharnées avec sa "sœur" Arwen (sans compter le croquage des fils électriques)...
Alors, substitution ou métamorphose soudaine ? Pour éclairer ma lanterne et trouver une explication au phénomène quel qu'il soit, j'ai eu l'idée de faire sur le Net quelques recherches sur le gobelin, figure incontournable du "petit peuple", celui des fées, farfadets, lutins et autres korrigans, mais aussi guerrier peu amène chez Tolkien. J'ai découvert un article fort intéressant et fort savant du journaliste normand Georges Dubosc. On apprend ainsi que "parmi tous ces êtres chimériques, créations imaginaires de l’esprit de nos aïeux, le plus connu, le plus répandu, qui semble lui aussi répondre aux ordres du sorcier, c’est le Gobelin, si répandu en Normandie et en Angleterre que son nom est devenu un véritable nom propre. Le Gobelin est une sorte de lutin familier, vif et capricieux, plus malicieux que méchant, petit, grotesque et grimaçant, mais vindicatif lorsqu’on le raille. Il est, au fond, un… bon petit diable familier, se plaisant aux besognes de ménage, aux travaux des servantes, les aidant parfois avec une adresse et une dextérité singulières. Il aime aussi et il chérit les enfants et surtout les chevaux. Il les panse, les étrille, les mène boire, en galopant sur leur dos, et joue et se rit dans les écuries."
(...)

L'être légendaire dépeint dans ces lignes ressemble décidément fort à mon hôte moustachu...
Georges Dubosc poursuit :


"Le Gobelin, qui devenait parfois méchant, sous diverses métamorphoses, était, certes, le vrai lutin normand et la preuve en est qu’il y avait à Rouen même, une tour de l’enceinte fortifiée, située sur le boulevard, près de la Porte Cauchoise, qui s’appelait La Tour du Gobelin, et où on emprisonnait les vagabonds et les mendiants."
 
On est édifié devant tant de science. Et on découvre une fois de plus que la Normandie se trouve là où on ne l'a pas cherchée. La Tour du Gobelin ! A Rouen ! Je m'étais crue bien inspirée en baptisant le chaton du nom de ces créatures fantastiques, mais par Tolkien, Bilbo le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux et non pas les contes et légendes normands !

Que dit Wikipédia ? L'encyclopédie en ligne consacre une entrée au gobelin en tant que personnage du folklore populaire. Comme il fallait (presque) s'y attendre, je tombe sur ceci : "C'est surtout en Normandie que les gobelins sont représentés, peut-être à cause de l'influence norroise. On les appelle goublins. Dans la Manche, ils hantent les marais de Carentan et les maisons. Un autre revêt l'aspect d'un chat à l'abbaye de Mortemer, on le surnomme le cat goublin*. "

J'en suis restée confondue !
Quand je vous disais ! Gobelin est normand !


Sources : DUBOSC, Georges (1854-1927) :  La Sorcellerie normande (1922)
Wikipédia

* C'est moi qui souligne.

dimanche 9 janvier 2011

Almanach perpétuel du chat, un bien beau chat-deau

Le chat-fée norvégien, c'est Garance bien sûr !

J'ai des amis qui prennent soin de moi, contre vents et marées, et veillent à ce que je dispose d'une nourriture intellectuelle toujours fraîche et variée. Contre vents et marées, mais aussi contre les lenteurs et le cafouillage généralisé des acheminements postaux de ces dernières semaines. 
C'est chez un voisin que j'ai récupéré mon petit paquet que le postier avait déposé en mon absence.
Il contenait l'Almanach perpétuel du chat, repéré quelques semaines plus tôt dans une F**C.
Parce que mes amis connaissent, partagent et encouragent mes vices.
L'ouvrage est une merveille, un ravissement pour tous les amoureux des chats. Au fil des jours de l'année s'égrènent poèmes, citations, proverbes du monde entier, petites histoires amusantes ou touchantes, mais aussi conseils de soins à ces messieurs-dames et recettes, car le côté pratique n'a pas été oublié. Quelques emplacements sont réservés aux notes personnelles.

On fait la paix...

Mais surtout les illustrations tendres, fantaisistes et drôles mettent en scène le chat, les chats de toutes les races, dans toutes les situations de la vie quotidienne, se livrant avec grâce et brio à toute la palette des activités humaines ! Chaque page réserve une nouvelle surprise...
Ruez-vous sur ce joyau de délicatesse, d'humour et de poésie tant qu'il est encore disponible...
A garder longtemps.

Almanach perpétuel du chat, d'Emilie Bulard-Cordeau, aux éditions du Chêne.


 Trois ans ! Le temps file...

Et puis, oui, The Normand Bedroom a trois ans. Il est entré hier dans sa quatrième année. Honnêtement, je ne pensais pas mener l'aventure si loin. A vrai dire, lorsque je me suis lancée, je n'en savais rien, j'ignorais quelle tournure prendrait cette initiative bloguesque. Elle s'est révélée une belle aventure humaine.
C'est comme un ouvrage au tricot. Un jour je réussis une torsade archi-compliquée, un autre jour je lâche une maille. Mais l'ouvrage avance.

Un grand merci à vous tous pour votre fidélité.

mardi 4 janvier 2011

Au bilan neuf

Au revoir ou... bonjour ? 
(Oui, derrière ce sont les quais de Seine !)

2011.
2010 s'est enfuie. Qu'en reste-t-il, vu de ma Chambre Normande ?
Trente-cinq billets de bric et de broc, de hauts et de bas. Des joies et des peines, comme pour tout un chacun.
J'ai traversé 2010 les pieds ici, le regard et le cœur tournés vers la Normandie. Quelques petits séjours (pas assez à mon goût)  à Dieppe et à Rouen ont jalonné cette année. J'essaie de penser à ceux qui m'attendent, j'espère, en 2011.
De nombreux chats s'en sont allés, tant de frimousses que je ne verrai plus, autant de chagrins. Restent le manque et le souvenir... Heureusement l'arrivée inopinée d'Arwen et de Gobelin (dits "Joliebelle" et "Jolibeau"), deux jeunes gens pétulants, m'a distrait de ma peine et m'a mis du baume au cœur ! Ils sont merveilleux, certes, mais ils mettent un point d'honneur à grandir à toute allure. A quand les chats-bonsaïs ?
Il y eut la redécouverte ou plutôt la découverte de parfums qui jusqu'à présent m'étaient... passés sous le nez ! Au sens propre. Vol de Nuit en est un exemple. Je l'ai adopté après l'avoir longtemps dédaigné. Il me manquait sans doute la maturité nécessaire. Il faut pour le humer coller les narines contre celle (ou celui !) qui le porte : ce n'est pas un parfum très exupérant. J'ai été séduite en dépit (ou à cause de) son côté désuet, suranné. A noter qu'il est plus agréable selon moi à porter l'été que l'hiver : ses notes épicées, cuirées, son fond vanillé - allons-y tout de go, sa guerlinade - ressortent et s'épanouissent davantage à la belle saison. Un beau classique un peu nostalgique dont je me pare toujours avec plaisir.
Il y eut des lectures et des relectures. L'installation dans mon gourbi d'une bibliothèque dont je peux enfin ne pas me servir. Des virées dans la Somme, destination reposante d'une après-midi ou d'une journée. Je m'y suis trouvée nez à nez (enfin, c'est peut-être beaucoup dire) avec le Beluga, qui en matière de blair ne fait pas dans la demi-mesure, mais aussi avec les souvenirs de Tolkien et les traces de la Grande Guerre toujours profondément inscrites dans la terre picarde. Ce sont des lieux où je reviens volontiers.

Que la Somme est belle et paisible au couchant...

 
A Méaulte, on se garde bien de jeter l'Ancre...

Et les événements normands ?
Le Jour de l'An 2010 m'a donné l'occasion de faire connaissance de Maman Mule. Les blogs, c'est pas que du virtuel ! En mai, pas question de déroger aux adieux à la Jeanne, dont Rouen, la ville marraine, constituait l'une des dernières escales. En novembre, j'ai rencontré à Yvetot, non sans émotion, le "père" du détective privé norvégien Varg Veum, Gunnar Staalesen. Privilège de discuter de façon décontractée avec l'auteur et de repartir avec des bouquins dédicacés sous le bras !


 Un nom qui n'existe plus que dans les mémoires...

Et, last but not least, j'ai pu apercevoir à plusieurs reprises et même photographier les brebis de Douvrend et leurs cousines de Fréauville. Que du bonheur ! Comme on dirait en franglais : Douvrend, j'y go !


2010 s'est terminée sur une note gourmande et sucrée, avec une bûche de Noël chocolat-marrons-crème fouettée-meringues. Rien que ça. Je vous vois saliver d'ici. Si vous êtes intéressés par la recette, signée du chef Stéphane Reynaud, n'hésitez pas à me la demander !
Les appointements du goûteur sont en sus.


BONNE ANNÉE 2011 A TOUTES ET A TOUS !