samedi 24 décembre 2011

Boum dodo


Il est un livre qui, par ses images et sa poésie, a enchanté ma petite enfance comme il a enchanté celle de ma mère, deux décennies et demie plus tôt. Son nom : Boum dodo. Une merveille de délicatesse, une porte ouverte sur la tendresse et le rêve, écrite en 1943 par Jeanne Cappe. Toute petite, j'étais fascinée par ses dessins signés Josette Boland, où dominait un bleu roi d'une beauté extraordinaire. Le bleu même que Niki de Saint-Phalle désignait comme porte-bonheur, je l'ai appris plus tard, et qu'elle avait choisi pour les flacons de son parfum éponyme. Un bleu profond teinté de violet qui ne cesse de me hanter, entre l'artiste iconoclaste et les vitraux de la cathédrale de Rouen. C'est le "bleu Boum dodo". Celui qui a bercé mes premières émotions picturales.
Boum dodo est un monde enchanté peuplé de petits enfants et de merveilleuses grands-mères. De chats aussi, comme en témoignent les délicats dessins de l'artiste (parce qu'il faut bien qu'il y ait des chats dans ce billet, tout de même).
Boum dodo, c'est mon enfance. Le livre a été perdu dans quelque déménagement. Je ne me faisais pas à la perte de cet ouvrage fondateur et désespérais de remettre la main dessus. Et puis, à force de recherches, je l'ai trouvé voici quatre ans sur un site d'enchères. Manquait la couverture, mais je ne m'en suis pas formalisée. Je me suis hâtée de l'acquérir, pour une bouchée de pain. Je l'ai déballé et ouvert avec une intense émotion. Sa magie, intacte, se déployait. Bouffées d'enfance. Mémoire suspendue, qui vous saisit au vol. Émerveillement. Nostalgie. Les illustrations étaient encore plus belles que dans mon souvenir et mon regard d'adulte s'en régalait.

La période se prête à cet esprit de joie naïve.

Je vous laisse admirer cette beauté précieuse et sans âge.

Bonnes fêtes de fin d'année à tous.