mercredi 13 février 2013

Valou, l'(ex-) inconnu du 13 février


Voici un an tout juste aujourd'hui, à la veille de la Saint-Valentin, deux semaines après le départ de "mon Bébert", un bel inconnu faisait sa première apparition dans le jardin.
C'est un grand chat, de belle allure, fortement charpenté. Signe particulier : une tache noire triangulaire légèrement décalée sur le nez. Chose rare pour un matou, il est tricolore : outre du noir et du blanc, son pelage comporte un peu de beige et ses pommettes et l'extrémité de ses pattes semblent avoir été rehaussées à la poudre bronzante. Pour ne pas le laisser à l'anonymat, je lui cherche un nom, en référence à la Saint-Valentin bien sûr. Ce sera Valou.
Une gamelle de pâtée ou de croquettes est déposée pour lui tous les jours au pied du muret qui sépare la cour du jardin. L'animal est affamé. Mais il ne se laisse pas approcher et s'enfuit dès que l'on fait un pas vers lui, accompagné de paroles apaisantes.
Parfois Valou disparaît pendant plusieurs jours et je m'inquiète. Il fait à présent partie de l'environnement. A-t-il choisi, dans son errance, un autre asile ? Puis je le retrouve sur le toit de la cabane à outils du voisin. Il semble toujours aussi peu désireux de contacts humains. Il lui arrive de se faufiler dans la cuisine pour terminer les restes de ses congénères mais il file au moindre bruit de voix.
Les mois passent. Et puis début mai les choses évoluent. Alors qu'il réagissait par grognements et fuite dès qu'on tentait de l'effleurer, Valou se laisse caresser le dos. Premier baiser sur le bout du nez (il n'aime pas trop ça), premières photos... il s'installe à la maison, après trois mois de travaux d'approche mutuels !
Il est encore dans un triste état : côtes apparentes, ventre gonflé, robe par endroit pelée... Ce chat a souffert de carences, souffert tout court, il a été négligé, livré à lui-même. Après quelques semaines d'alimentation équilibrée, de soins et de caresses, c'est un tout autre Valou qui se révèle : il a pris du poids, son pelage est lisse et dru, il se déplace avec une assurance royale. Comme tout bon félin, attaché à son confort, il a choisi les meilleurs endroits pour s'établir : canapé, genoux et même... épaules et dos humains, à l'instar de Mascaret. Qui aurait imaginé ce scénario, voici un an ?
Parfois je lui chantonne, sur l'air du Chameau :

Ali ! Alou ! Et vive le Valou !
Voyez comme il trotte !
Ali ! Alou ! Et vive le Valou !
Voyez comme il est doux !

sans que cette comptine revisitée ait l'air de beaucoup l'émouvoir... Valou m'a en tout cas permis de la redécouvrir, par le truchement des Quatre Barbus !
D'un naturel plutôt paisible, il ne faut cependant pas le "chercher" : il a alors tendance à distribuer prestement des tapes sur les arrière-trains de ses frères et sœurs. Mais un peu d'autorité ne messied pas à un matou de son gabarit...
D'où vient-il ? Quel âge a-t-il ? Il gardera ses mystères. Comme tous les chats...
Eh oui, Valou, l'inconnu du 13 février, est chez lui. Je le surnomme le Béluga (il pèse tout de même 5,6 kg !), Valouga, Vaval (comme le Roi du Carnaval de Cayenne) et Valou de la Valousie. Il a pris le temps, est arrivé à pattes de velours... mais l'attendre en valait la peine.



dimanche 10 février 2013

Les envies

 Ma bergerie virtuelle... et artistique !

Alors que je me demande si j'aurai ma propre Chambre Normande un jour, j'ai eu envie, après mes regrets, de vous parler de mes... envies. Je vous avais pourtant assurés de ne poster qu'une seule et unique liste, cet exercice n'étant pas dans mes habitudes, mais voilà, comme pour faire contrepoids, ce sujet s'est invité, imposé, devrais-je même dire, et a exigé le droit de parole.
Une envie, c'est ce qui nous projette dans l'avenir, nous aide à avancer, à nous défaire de nos regrets, à faire le deuil de nos deuils. C'est peut-être une manifestation de l'instinct de survie mais aussi, si je puis ainsi m'exprimer, un symptôme de bonne santé et de vitalité. Cependant, il est plus facile de parler des regrets que des envies parce que, si les regrets sont acquis, les envies, on n'est jamais sûr de les réaliser. Au moins les regrets on les connaît à fond, on les côtoie (presque) tous les jours, ils nous accompagnent, s'accrochent à nous comme des morpions. L'envie comporte une notion d'immédiateté qui sous-entend sa prompte satisfaction, mais je puis me tromper, tandis que les regrets ont une fâcheuse tendance à s'installer "confortablement", en tout cas durablement, dans nos mémoires. Et puis ils "se tiennent" et forment un groupe cohérent, qui se serre les coudes, tandis que les envies, elles, peuvent être fluctuantes et contradictoires. Sans compter qu'elles en révèlent sans doute beaucoup plus nous.
Ajoutons qu'il faut distinguer l'envie du projet, du souhait, du fantasme, du rêve, le passager du durable, le futile de l'indispensable, le possible de l'utopique. Ce qui demande du discernement et, parfois, du temps. C'est tout un art.
Bref, il s’agit en gros de faire le grand écart entre ce qu'on n'a plus et ce qu'on n'a pas (encore, peut-être). Sans que ça ressemble à un déballage.

Are you ready ?

J'ai envie de :

- Filer à Paris pour visiter l'exposition "Autour du Chat Noir, arts et plaisirs à Montmartre 1880 - 1910" au Musée de Montmartre. Elle devait s'achever le 13 janvier mais a été prolongée jusqu’au 2 juin. Une bénédiction pour les amoureux des chats et de la Belle Époque. Envie de me plonger, au travers de souvenirs bien concrets, dans l'effervescence intellectuelle et artistique et l’esprit libertaire qui régnaient sur le fameux cabaret. Une expédition parisienne était prévue le mois dernier, mais les manifestations de taxis puis les conditions météo se sont mises en travers de mon chemin. Et puis le travail, et d'autres choses. Mais pas question de renoncer à ce rendez-vous avec la vie montmartroise de jadis ! Et d’aujourd’hui !

- Dans la foulée, un braquage petit tour aux Salons du Palais-Royal pour en ressortir avec deux-trois jus en flacon-cloche. Je sais déjà lesquels. Mais le banquier risque de ne pas apprécier ces folies. Alors je serai sage et me contenterai d'un seul parfum. Je sais lequel.
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 - Une Alfa Romeo Mito. Parce que "Alfa un jour, Alfa toujours".

- Une plaque publicitaire Marchal d'époque. Celle que je n'ai jamais trouvée ou plutôt que j'ai vue en ligne, hors de prix.

- Un macaron à la pistache. En grand modèle. Pour moi toute seule.

- Une croisière sur l'Express Côtier. Ou, plus largement, découvrir la Norvège.

- Un foulard Christian Lacroix.

 Hmm, quelques grammes de soie autour du cou (alors que je ne suis pas très foulard)...

- Un ou des moutons. Parce que j'aime les moutons. Et les brebis. Mais les seuls que je possède pour le moment sont en bois et signés du peintre normand Dominique Nourry. A quand un troupeau (même à la rigueur un troupeau composé d'un mouton) et une houlette ?

- Quelques œuvres de Nourry, justement, pour alimenter ma "collection".

- Reprendre un "régime de croisière" dans mes escapades, quelque peu laissées de côté ces temps-ci. Paris, Saint-Malo, le Val de Loire... Retrouver des lieux chers, découvrir des lieux inconnus, choisir d'autres ailleurs.

- Un dîner en tête à tête avec Mark Harmon, qui est bien l'homme le plus sexy du petit écran.

- Visiter L.A.. Compatible avec ce qui précède.

- Un nouveau job, ailleurs. Paris, Rouen ? Oui, l'écrivain public souhaite tirer sa révérence, le temps d'achever les travaux en cours (et peut-être de concrétiser un projet), quitter sa petite ville qu'elle n'aime guère et trouver "la sécurité de l'emploi". Pour faire quoi ? Assistante d'un vieux savant ou d'un écrivain (je pense à Nelly et M. Arnaud), rédactrice ? Bergère, en ville, ça risque d'être difficile...
Avis aux patrons potentiels...

- Rencontrer autour d'un café ou d'un thé quelques fidèles visiteuses et visiteurs de mon blog. Une excellente raison de bouger !

- Me faire couper (un peu) les cheveux. Histoire de ressembler à quelque chose avant ces éventuelles rencontres ?


Bon, j'arrête là ! Avant que cette énumération ne devienne fastidieuse et parce qu'il faut bien un peu de temps pour faire décanter ces souhaits - mais pas trop.

Quand on y réfléchit, on se dit que les envies ne surgissent pas ex nihilo, ni par hasard, elles s'enracinent dans nos souvenirs, dans notre histoire. Quand bien même on désire changer de coiffure, de téléphone ou de parfum, soi-même on ne change pas. La continuité est là, même si parfois elle s'opère par... saccades. Ou par tâtonnements. Quand enfin on tourne certaines pages.

Alors, envies, espoirs, projets, rêves ? Les semaines, les mois à venir en décideront. Et si leur réalisation ne dépend pas que de moi, je me réserve le droit de raturer ou compléter ma liste. Le premier désir, c'est le désir de liberté.

Illustration : site Madame Dutilleul.