lundi 25 novembre 2013

Chalendriers

Depuis plus de deux mois déjà, ils vous font de l’œil sur les présentoirs tournants postés bien en vue à l'entrée (ou la sortie ; c'est selon) des librairies.
"Ils", ce sont les calendriers. L'année a à peine le temps de s'achever que déjà les éditeurs nous bousculent, nous projettent de force dans la suivante. Il y a tous les gabarits : les grands (pour décorer les murs), les petits (pour poser sur un meuble). Stratégie commerciale : ces objets sont beaux, tentants, proposés par le vendeur en quantité limitée. On nous incite donc fortement à prévoir. "Mieux vaut tenir que courir".
Depuis pas mal d'années, je suspends au mur de mon bureau un calendrier "à chats". Ce qui ne vous étonnera pas outre-mesure. Ces faces ou ces silhouettes félines qui rythment les mois, voire les semaines, font partie de mon décor quotidien. Point question de jeter les éditions des années passées : je les garde soigneusement dans ma bibliothèque, moins pour des souvenirs qui se seraient accrochés aux jours que pour la beauté, l'humour ou la créativité des images. Car certains de ces objets sont de véritables œuvres d'art. Et si le thème est invariable, ses déclinaisons sont multiples. J'ai ainsi eu les Chats de Dubout, achetés à la droguerie Deconihout, rue du Gros à Rouen, ces matous et ces matounes qui nous montrent impoliment leur derrière ou jouent les mères de famille nombreuse, reflétant l'humour sarcastique et irrévérencieux du dessinateur. J'ai accroché au mur des minettes élégantes et charmeuses, dessinées tout en lignes fluides et sinueuses dans une dominante rose et rouge, qui se prélassant dans un escarpin à talon aiguille, qui arborant fièrement une aigrette très Années Folles. Des chats photographiés, et pas par n'importe qui : depuis le 1er janvier les clichés de Hans Silvester me tiennent compagnie. C'est en fait un ouvrage, intitulé "Paroles de chats", où les images - une chaque semaine - s'accompagnent de quelques lignes signées Raphaële Rives. Les greffiers n'apprécieraient pas nécessairement qu'on leur prête des propos dont ils n'ont que faire pour s'exprimer (ah, l’anthropocentrisme !). Mais ne chicanons pas. Photos et modèles sont magnifiques, plus beaux les uns que les autres. On aimerait les contempler tous en même temps. Et puis on trouve des ressemblances avec les membres de la tribu. J'espère qu'une édition 2014 est prévue... Au-dessus de mon bureau est suspendu un calendrier dont d'attendrissants chatons ornent les pages. La salle de séjour n'a pas été oubliée : là chaque mois présente deux matous. On retourne (si on veut) la page vers le 15 pour admirer une nouvelle beauté poilue.
J'ai remarqué que les calendriers à chats avant tendance à partir très vite des présentoirs. (Je me suis dit que je ne partageais pas mon ailurophilie qu'avec moi-même : ça rassure). Alors j'ai fait mes provisions : dans quelques semaines les chats de Hans Silvester et ceux de la maison Yvon (comme les cartes postales !) auront des remplaçants. Ils sont (pour l'instant) trois à se disputer les meilleurs emplacements. Et il n'est pas dit que je ne céderai pas de nouveau à la tentation. Tant pis s'il faut monter de nouveaux murs pour y apposer mes trouvailles, dont le caractère utilitaire n'est finalement qu'un prétexte (même s'il est parfois bon de savoir quel jour on est).
Une chose est sûre : avec ou sans chats, le temps file... Mais contrairement à nous, fols que nous sommes, ces sages ne sont pas tentés de le retenir...
Et le traditionnel calendrier des Postes, direz-vous ? Est-il aussi illustré de chatons jouant à cache-cache dans les pots de géraniums ? Et vous pensez "Forcément". Que nenni : pour 2014, j'ai choisi des vieilles voitures...